Les sondages sur l'infidélité sont comme l'objet qu'ils prétendent cerner : trompeurs. L'adultère étant caché par définition, il faut manipuler les chiffres avec précaution. Néanmoins, il se dégage une constante : l'infidélité n'est plus l'apanage des hommes. Selon la Sexualité au temps du sida (1998), de Michel Bozon, 15 % des femmes sont infidèles contre 20 % des hommes, en France. Une enquête de 1969 enregistrait seulement 8 % de femmes mariées ayant trompé leur mari. Il y a donc un progrès indéniable qui semble concerner l'ensemble du monde occidental. Annette Lawson, une sociologue britannique qui a réalisé une importante étude sobrement intitulée Adultery, situe la barre entre 50 et 60 %. Shere Hite, une psycho-sexologue américaine, a noté ainsi que 70 % des femmes mariées américaines depuis plus de cinq ans avaient eu au moins une aventure. Ça commence à faire beaucoup.
Cocus.com. La meilleure preuve de cette nouvelle conquête féminine est l'existence de cocus.com, dont l'intitulé a le mérite d'être clair. On y relève cette maxime nostalgique : «L'amour, c'est l'effort que l'homme fait pour se contenter d'une seule femme.» Suivie d'une autre, vengeresse : «Quand un homme vous prend votre femme, la meilleure revanche est de la lui laisser.» Est-ce ce qu'on appellera désormais la «famille recomposée» ? Mais comme les femmes et les hommes n'en sont pas à une contradiction près, on note, dans un sondage réalisé par la Sofres pour le Nouvel Observateur en 1999, que si 3