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Fourniret, fossoyeur de bois

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Le château du Sautou, perdu au fin fond d’une forêt des Ardennes françaises, a été le repaire du tueur, avant d’être racheté par des forestiers belges. Christian Welter, maire de Donchery
Dans les Ardennes, le 30 novembre 2020. La forêt et le chateau du Sautou, où Michel Fourniret a vécu deux ans et où plusieurs corps de ses victimes ont déjà été éxhumés et où les enquéteurs pensent que se trouve celui d'Estelle Mouzin. (Martin Colombet/Libération)
publié le 18 août 2005 à 3h20

Il pleut des cordes sur le château du Sautou. «Avant, il y avait des repas de chasse et des banquets, là-bas. Maintenant, Fourniret a terni le cachet. Lui plus Dutroux, ça fait du mal à la publicité des Ardennes, une belle région pourtant», se lamente Laurent qui tient un fourgon à frites à Donchery, sur le bord de la Meuse et de son canal autrefois claironnant des trompes des péniches. De ce coin perdu entre Charleville-Mézières et Sedan, la route file au nord de Donchery (2 700 habitants) qui s’étire jusqu’à la frontière belge, passe l’auberge la Ferme de Montimont, franchit le petit pont de la Claire, laisse sur la droite un moulin et un cheval pie comme dans le livre, prix Femina 1955, du romancier ardennais André Dhôtel que Michel Fourniret a dévoré, Le pays où l’on n’arrive jamais. Le chemin défoncé par les roues des 4 x 4 et des tracteurs, creusé d’ornières gorgées d’eau, s’étrangle sous les branches plombées des sapins géants, serpente au milieu des coupes fraîches de bois, des stères entassés, des troncs orange sans écorce comme épluchés, puis bute sur une allée barrée d’une chaîne. Là, au bout de nulle part, le château gris aux poivrières effilées comme des clochers se noie dans la brume, interdit d’accès, «propriété privée». L’ancien rendez-vous de chasse construit en 1870 par Georges Corneau, sénateur et fondateur du journal le Petit Ardennais, était devenu en 1988 le repaire du tueur en série. Les forestiers belges de Namur qui l’ont racheté en janvier 2004 «pou