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Un cachet qui ne doit rien à Dominici

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A Lurs, minuscule village de Provence qui vit du tourisme, ne subsiste de l'assassinat de la famille Drummond q'une croix défraîchie.
publié le 19 août 2005 à 3h21

Quand un journaliste demande à voir le maire de Lurs, le moins peuplé mais probablement le plus beau fleuron des «villages et cités de caractère» des Alpes-de-Haute-Provence, Richard Lafond se méfie. Jeune retraité, élu en 2001, il a remplacé l'ancienne mairesse qui, après vingt-quatre ans d'exercice, ne se représentait pas. Monsieur le maire n'est pas un natif mais il a épousé une Grisolle, une fille du pays. Et les Grisolle, les journalistes, ils connaissent. Le grand-père avait acheté le café Bellevue, vite rebaptisé Bello visto (en provençal) et hissé au rang de restaurant. Le nom n'est pas usurpé : la vue y est imprenable sur la vallée de la Durance qui coule cinq cents mètres plus bas et dont «on voit luire les écailles», écrivait Giono dans son livre consacré à l'affaire Gaston Dominici. Ah, nous y voilà.

La Grand'Terre du «Patriarche» gracié par René Coty est toujours là, coincée entre la nationale 100 et la voie ferrée, invisible depuis le coeur du village perché sur un piton. Le grand-père Grisolle a gardé tous les articles. Dont celui du journal qui avait publié le cliché d'un photographe l'ayant fait poser avec femme et enfants, ainsi légendé : «Avant le crime, la famille Dominici vivait heureuse.» Il avait fini par obtenir un rectificatif «paru six mois après», se souvient son petit-fils qui a pris le relais aux fourneaux du Bello visto. Jusqu'à l'an dernier, on s'y régalait d'escargots à la sucarelle, de rôti de porc aux figues, d'une sublime anchoïade aux figue