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Libération

Aléria, mémoire violente de la Corse.

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L'occupation de la cave d'un pied-noir, en 1975, a marqué le début du combat nationaliste.
publié le 20 août 2005 à 3h21

Pas de commémoration, même discrète. Les nationalistes corses ne célébreront pas le trentième anniversaire de l'occupation de la cave viticole d'Aléria, le fait d'arme fondateur de trente années de lutte des indépendantistes. Au matin du 21 août 1975, ils étaient pourtant nombreux à piaffer d'impatience. Surtout des jeunes, des étudiants venus pour l'été, de Nice ou d'Aix. Ils ne le savent pas encore, mais nombre d'entre eux ne reprendront jamais leurs études. Enfin, il allait se passer quelque chose. «Edmond» l'avait promis aux plus radicaux, des «mauvaises branches», exclus depuis peu de l'ARC (Action pour la renaissance de la Corse), le mouvement autonomiste et réformiste du docteur Edmond Simeoni, parce qu'ils réclament «l'autonomie interne» et ne se contentent pas de «l'autonomie de gestion» réclamée par l'ARC. Simeoni, qui sait bien que ces jeunes constituent les forces vives du mouvement, les invite à assister au rassemblement du 17 août à Corte.

Action. Ce jour-là, le docteur retrouve des accents révolutionnaires. Sous un chapiteau comble, il cite Guevara : «Un révolutionnaire, ou il gagne, ou il meurt ! L'ARC peut offrir aujourd'hui au peuple corse la liberté et le sang de ses militants.» Le soir même, il prévient Pierre Poggioli, l'une des figures de ces jeunes avides d'action. «Tiens-toi prêt. Rendez-vous à Aléria le 21.» Lequel, aussitôt, alertera ses deux amis, Léo Battesti et Alain Orsoni. D'autres ne seront prévenus que le jour même. Le matin, Edmond Simeoni es