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La «fugue» de la bonne du Dr Petiot

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Malgré 27 crimes, il était resté à l'époque le «bon docteur» de Villeneuve. Aujourd'hui d'étranges histoires refont surface.
publié le 20 août 2005 à 3h21

Sur le pont de pierre qui enjambe l'Yonne à Villeneuve, une dame retraitée de l'horticulture regarde les péniches fendre les tapis de nénuphars et les feuillages des saules pleureurs : «La maison du docteur Petiot, c'est là-bas, entre Maxi-Marché et les Pompes funèbres.» Le toubib a exercé ici de 1922 à 1932 et fut le maire de Villeneuve durant six ans, «c'était un bon médecin mais il y avait toutes ces choses en dessous». Marcel Petiot, faux passeur pour l'Amérique du Sud pendant l'Occupation à Paris, a fini guillotiné en 1946 pour 27 meurtres de juifs et de truands qu'il dépouillait de leurs bijoux et billets. La vieille femme en robe à fleurs a une copine qui s'appelle Petiot-Police, et «c'est pas évident à porter». Elle énumère les énigmes de la région, «pour Emile Louis, c'est pareil, on n'a pas tout retrouvé», pas toutes les disparues de l'Yonne imputées au chauffeur des Rapides de Bourgogne. «Arrivée bâtarde» puis orpheline maltraitée par sa tante, la dame a longtemps pensé qu'elle aurait été «mieux à la Ddass, au moins j'aurais eu à manger», mais à bien y réfléchir, avec des types comme Emile Louis dans les parages qui s'en prenait à de pauvres filles de l'Assistance publique, elle ne sait plus trop. Un autre mystère la turlupine. Comment le garde forestier Jean-Pierre Treiber, échoué dans une maison de famille à Château ­ un hameau sur les hauteurs de Villeuveuve ­, «a pu tuer tout seul les deux petites», Géraldine Giraud, la fille du comédien, et Katia Lherbier, en