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Libération
Interview

«Le nationalisme corse ressasse»

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publié le 22 août 2005 à 3h22

A l'occasion de l'anniversaire du drame d'Aléria, le 21 août 1975, qui fit deux morts à la suite de l'occupation de la cave d'un viticulteur pied-noir (Libération d'hier), Léo Battesti, l'un des militants engagés dans cette opération, dresse «un bilan globalement négatif» de trente ans de combat nationaliste. Cofondateur du FLNC en 1976, il estime que le mouvement est aujourd'hui dans «une impasse». Il a quitté la clandestinité dès 1992, appelant à l'arrêt de la lutte armée, et il est devenu président de la Ligue corse d'échecs.

Trente ans après Aléria, quel bilan tirez-vous du combat nationaliste ?

Sans remettre en cause ce qui a constitué les fondements de ce combat, c'est-à-dire la défense d'une langue, d'une identité, la mise en place d'une véritable politique économique et d'institutions adaptées, et qui sont aujourd'hui acceptées par tous, le bilan global de ces trente dernières années est très négatif. Le contre-pouvoir représenté un temps par les nationalistes n'a pas su constituer une alternative crédible au clanisme.

Pourquoi cet échec ?

Il tient principalement à l'importance du mouvement clandestin qui a contribué à déresponsabiliser les militants. Cela a tout faussé. La lutte armée a non seulement échoué mais emporté avec elle tous ses enfants. Le dépôt des armes s'impose. C'est une évidence. Je crois que nous avons abouti à l'inverse de ce que nous souhaitions. Et je me sens en partie responsable de ce résultat. Avec leurs armes et leurs clientèles, les nationaliste