Menu
Libération
Interview

«Les élites rejettent l'égalitarisme fiscal»

Article réservé aux abonnés
publié le 3 septembre 2005 à 3h32

Jacques Le Cacheux est professeur à l'université de Pau-Pays de l'Adour et directeur du département des études à l'OFCE. Il a rédigé avec Christian Saint-Etienne un rapport (non encore publié) sur la fiscalité directe, préconisant une réforme touchant à la fois l'impôt sur le revenu, la CSG et l'impôt sur les sociétés. Les deux économistes ont été reçus à plusieurs reprises par le Premier ministre. Mais la réforme qu'ils proposent est beaucoup plus ambitieuse que les mesures annoncées jeudi.

Pourquoi une réforme fiscale serait-elle indispensable ?

Tout simplement parce que la France souffre depuis longtemps d'une fiscalité trop complexe. Surtout, l'Europe joue un rôle intégrateur de plus en plus fort. L'euro, la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, le progrès des infrastructures ­ Bruxelles n'est qu'à 90 minutes de Paris ­, tous ces éléments font que le coût des délocalisations d'entreprises, de capitaux ou des personnes est fortement abaissé. La concurrence fiscale s'en trouve redoublée avec de nouveaux pays membres qui pratiquent une fiscalité très réduite.

On pourrait donc exiger une harmonisation fiscale européenne...

Je suis un fédéraliste européen et ce serait ma solution préférée, au moins dans la zone euro. Mais ce n'est pas le cas. Trop de pays y sont opposés. On ne peut pas demeurer passif et se laisser plumer par les autres. Regardez l'Allemagne : si Angela Merkel est élue, elle introduira une réforme fiscale d'envergure, simplifiant l'impôt dir