«Laurent qui ?» Au-delà de la boutade, l'invitation faite à Laurent Fabius de débattre à la fête de l'Humanité (1), ce samedi, révèle une certaine méfiance des communistes vis-à-vis de la personnalité de l'ex-Premier ministre socialiste. Sa venue (une première) est jugée «cocasse» par un cadre en désaccord avec la direction du PCF : «Fabius a été un ministre important à la fin de la période la gauche plurielle. Je n'ai pas souvenir qu'il était alors particulièrement à gauche...» Mais la victoire du non au référendum, défendu par Marie-George Buffet et l'ex-numéro 2 du PS, a changé bien des choses.
Pour les communistes, Fabius a longtemps incarné «la droite du PS». Il fut surtout celui dont la nomination à Matignon par François Mitterrand, en juillet 1984, a correspondu au départ des 4 ministres communistes nommés en 1981. Il a aussi été celui qui, en juin 2003, dans une tribune à Libération, plaidait «pour une social-écologie», faisant de l'axe Verts-PS le futur de la gauche au détriment du PCF. Déjà en 2001, ministre des Finances, il considérait que le PS ne pouvait «pas porter à bout de bras indéfiniment» le PCF...
Sa miraculeuse conversion au non à la Constitution européenne a été jugée comme une bonne surprise. Mais, si elle a fait mine de se réjouir de ce renfort de poids, la place du Colonel-Fabien n'a pas grande illusion sur sa signification. Elle a donc tout fait pour conserver des relations privilégiées avec la «gauche de la gauche».
Pour toutes ces raisons, «l'animal»