A lire le rapport annuel de la Cour de comptes sur la Sécurité sociale, rendu public hier, la réforme de l'assurance maladie votée l'an dernier est mal partie. En 354 pages, parfois assassines, suivies par les réponses embarrassées des différents organismes et ministères mis en cause, ce rapport dresse un diagnostic sévère de l'état des comptes sociaux. L'occasion pour Philippe Séguin (lire ci-contre) de se rappeler au bon souvenir de ses amis politiques, qui auraient pu oublier combien il pouvait être redoutable.
Agacement. Les magistrats de la Cour des comptes, leur premier président en tête, ont d'abord été un peu agacés de constater que les chiffres avancés par le gouvernement pour 2004 étaient faux. Ce ne sont pas 11,9 milliards d'euros (dont 11,6 milliards pour la seule assurance maladie) qui ont manqué à la Sécu l'an dernier, mais 13,2 milliards (dont 12,3 milliards pour l'assurance maladie). Explication : le gouvernement prend en compte un versement de 1,1 milliard d'euros fait par la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale), qui était exceptionnel et n'aurait donc pas dû figurer comme une recette courante. De toute façon, rappellent les auteurs du rapport, ce déficit est «sans précédent dans l'histoire de la Sécurité sociale». Et sa principale cause n'est pas la faiblesse conjoncturelle des recettes (cotisations, CSG) dans un contexte de croissance plus faible que prévue.
Une partie des difficultés, soulignent-ils, provient par exemple de ce que l'Etat est m