Ceux qui y sont allés ou qui y ont vécu décrivent comme une sorte d'apocalypse Mayotte, petit morceau de France dans l'océan Indien. 375 km2 où affluent les clandestins venus des Comores voisines et indépendantes depuis 1976. Tous les jours, les passeurs entassent dans des kwassa-kwassa (des barques) ceux qui fuient la proche Anjouan, sa misère et sa corruption. Pour 100 euros, une fortune, les voyageurs se noient, dévorés par les requins. Les bébés sont jetés à la mer quand ils crient. Histoire de ne pas se faire remarquer des policiers. Les rescapés sont lâchés n'importe où sur les plages. Et là, eux qui rêvent d'Eldorado, découvrent le drame de Mayotte. Les rues défoncées, les détritus, les bidonvilles. Pas de travail, pas de ressources, pas de matières premières, sauf l'ilang-ilang pour le parfum. Les clandestins survivent, exploités, en cuisine, aux jardins, au ménage, à la construction des maisons des expatriés. Et sont parfois dénoncés aux autorités quand «l'employeur» n'en veut plus.
Maternité. A l'hôpital de Mamoudzou, surchargé, les soins sont gratuits et les malades dans les couloirs. Les femmes y accouchent parfois à 14 ans et en ressortent après 12 heures, 24 heures au mieux. C'est la plus grande maternité de France : là naissent chaque année 7 500 enfants Mayotte double sa population tous les huit ans. Les écoles sont bourrées à craquer, l'état civil balbutiant et les noms de famille n'existent pas. On en change plusieurs fois dans sa vie. Beaucoup ne save