Christian Saint-Etienne est un économiste orthodoxe (une pensée qui, en général, inspire la droite). Jacques Le Cacheux est «keynésien» (pensée qui inspire la gauche). Ensemble, ils ont présenté hier leur rapport pour le Conseil d'analyse économique (CAE), placé auprès de Dominique de Villepin, intitulé «Croissance durable et concurrence fiscale».
Il s'agit d'un projet global et décoiffant de réforme fiscale. Abaissement de l'impôt sur les sociétés, suppression de la taxe sur les salaires, hausse de la CSG de 7,5 % à 13 % (avec un abattement pour les 7 500 premiers euros), impôt sur le revenu à trois taux (0 %, 13 %, 28 %), transformation de l'ISF en impôt de 5 % sur les revenus de la fortune. De quoi, selon eux, mettre la France en position de résister à la concurrence fiscale en Europe, qui porte principalement «sur les revenus, sur les sociétés, sur l'épargne». «La fiscalité française actuelle était adaptée à une société industrielle, avec des frontières fermées, plaide Saint-Etienne, mais, aujourd'hui, on taxe les facteurs les plus mobiles : le capital, les entreprises, l'épargne.» Leur réforme est basée sur deux principes : élargir les bases d'imposition (suppression de toutes les niches fiscales, sauf le quotient familial) tout en abaissant les taux. «Nous raisonnons à prélèvements obligatoires constants», précisent-ils.
En juillet, ils avaient présenté leur rapport à Villepin. Qui les a reconvoqués en août : «On nous a dit : "C'est vachement bien", et puis plus rien