Il est des victoires dont on peut se retrouver embarrassé. Mardi, les membres UMP de la Commission des finances avaient obtenu de Jean-François Copé une réduction des dépenses de 500 millions d'euros. Une première à l'Assemblée nationale depuis les débuts de la Ve République. Mais le ministre du Budget y met une condition : que ce soit les députés eux-mêmes qui déterminent où se feront les coupes. Et que celles-ci soient «documentées et consensuelles». «Je ne veux pas qu'ensuite cela sème le désordre chez les fonctionnaires», confiait Jean-François Copé.
Pour trouver les 500 millions d'économie (sur un budget global de 334 milliards d'euros), les députés UMP comptent utiliser les subtilités de la loi organique de loi de finances (Lolf), dont c'est la première application. La Lolf ouvre aux députés un droit d'amendement sur les dépenses. A l'intérieur de chacune des 34 missions dans lesquelles sont ventilés les crédits, ils peuvent arbitrer entre les programmes. C'est ainsi que Pierre Méhaignerie, président (UMP) de la Commission des finances, propose de supprimer, au sein de la mission Travail et emploi, 200 millions d'euros destinés aux emplois aidés pour les diriger vers l'apprentissage, au motif qu'«on sait très bien qu'on n'épuise jamais les crédits pour les contrats d'avenir». Mais, au-delà, les députés sont, pour l'heure, bien en peine d'indiquer où ils trouveront les 300 millions restants. Méhaignerie soutient qu'il y a «des centaines de petites SNCM» dans les dépenses