«Du jamais vu sous la Ve République !», fanfaronnait François Bayrou, hier, à la sortie d'une réunion décisive du groupe UDF à l'Assemblée nationale. Pour la première fois depuis le début de la mandature, la majorité des députés centristes a voté contre le projet de budget 2006. Après avoir refusé la confiance au gouvernement Villepin en juin, voilà le petit groupe centriste embarqué dans une posture quasi oppositionnelle. «Une imposture, une opposition de façade», selon le socialiste Jean-Marc Ayrault, qui n'a pas apprécié le renfort inattendu des voix de l'UDF. Qu'il se rassure, Bayrou a ajouté dans la foulée qu'il ne voterait «sûrement pas» une motion de censure déposée par le PS.

«Poil à gratter.» Les centristes ont surtout provoqué l'irritation des députés UMP, qui ont dû faire passer la partie recettes du budget avec leurs seules voix. «L'UDF poil à gratter, d'accord, mais l'UDF dans l'opposition, c'est tout à fait différent», résumait Hervé Mariton, député (UMP) de la Drôme, qui accuse Bayrou d'être dans une stratégie purement électoraliste. Dans les rangs de l'UMP, seul le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan s'est abstenu.

Sur le fond, et malgré les critiques virulentes de Gilles de Robien («Bayrou nuit au gouvernement et il nuit à la France», a déclaré sur I-Télé le seul ministre UDF du gouvernement), la plupart des centristes ont suivi leur chef sans barguigner. Sur trente députés, seize ont voté contre le budget, treize se sont abstenus, et Christian Blanc a décidé