Menu
Libération
Interview

« Il faisait figure de camp oublié »

Article réservé aux abonnés
publié le 4 novembre 2005 à 4h24
(mis à jour le 4 novembre 2005 à 4h24)

Seul camp de concentration situé sur l'actuel territoire français, le Struthof est l'un des plus mal connus. L'historien Robert Steegmann lui a consacré sa thèse (1).

Pourquoi a-t-il fallu attendre votre thèse pour disposer de la première étude scientifique sur le camp du Struthof ?

L'historiographie des camps a été longue à se mettre en place. Jusqu'aux années 70, les études ont pris en compte le phénomène concentrationnaire dans sa globalité, sans faire de distinction entre «concentration» et «extermination». Dans les années 70 et 80, on a plus parlé du système exterminateur et de la Shoah. Ce n'est qu'à partir des années 90 que l'on a étudié à nouveau les camps de concentration. Et le Struthof faisait figure de camp oublié de l'Histoire. Quand j'enseignais en second cycle, je me souviens d'une carte où figuraient tous les camps de concentration sauf le Struthof. Mais localement, on en parlait. A tel point que l'on pensait que c'était un camp d'Alsaciens.

Des déportés originaires de toute l'Europe y ont péri...

De 1941 à 1945, environ 52 000 détenus de vingt-deux nationalités ont été immatriculés au Struthof. Parmi eux, moins d'un millier d'Alsaciens-Mosellans. Les Polonais représentent 35 % des effectifs, les Soviétiques 25 % et les Français 14 %. Dans leur grande majorité, ces détenus étaient des «politiques», c'est-à-dire des opposants et des résistants. A partir de 1943 sont arrivés des déportés «Nacht und Nebel», une catégorie qui désigne les résistants d'Europe de l'Oues