La loi du 3 avril 1955 est le symbole juridique de la guerre d'Algérie. Elle a été adoptée par le gouvernement Edgar Faure à la demande des militaires, confrontés à «un foyer de rébellion», dans les Aurès, d'environ 400 combattants du FLN, les militaires ayant fait valoir auprès du gouvernement leur incapacité à mener des opérations de guerre dans le cadre du droit commun. Dès la promulgation du texte, qui permet en outre d'interdire les déplacements, la censure de la presse, la détention administrative, la saisie des armes et le recours aux tribunaux militaires, un premier camp d'internement administratif est ouvert à Kenchela.
Quatre camps. La loi de 1955 sera reprise en mars 1956 dans le cadre des «pouvoirs spéciaux» accordés au gouvernement Guy Mollet (SFIO). En 1957, quatre camps d'internements sont ouverts en métropole, comme au Larzac, où sont enfermés sans jugement plus de 10 000 Français d'Algérie. Et c'est dans la suite de la loi de 1955, qu'en 1961, le préfet Papon introduit dans le département de la Seine un couvre-feu sélectif visant les «Français musulmans d'Algérie». Brahim Benaïcha (1), alors enfant dans le bidonville de Nanterre, se souvient que son père, ouvrier chez Citroën, était «perpétuellement en infraction, puisqu'il travaillait en trois-huit. Plus d'une fois, on l'a retrouvé au commissariat, tabassé par la police». Il garde un souvenir amer : «On était Français. Vous imaginez un couvre-feu spécial pour les Corses ou les Bretons ?» Le