Depuis deux mois, la campagne interne au Parti socialiste avant son congrès du Mans, prévu du 18 au 20 novembre, se déroulait déjà dans une étrange ambiance. L'indifférence succédait à la moquerie face à des débats plutôt fades et au trop-plein des ego présidentiels. Mais alors que les 120 000 adhérents vont départager aujourd'hui les cinq textes d'orientation en compétition, la gravité de la situation dans les banlieues renforce évidemment le décalage entre les préoccupations des Français et celles des ténors du PS. La difficulté des éléphants du PS depuis maintenant trois ans à s'opposer à la politique gouvernementale, comme les divisions internes encore très vivaces six mois après le référendum sur le traité constitutionnel européen, ont imposé le sentiment que les débats du congrès se déroulaient dans une bulle posée au-dessus de la rue de Solférino, siège du PS à Paris. Depuis dix jours, les événements dans les cités ont transformé cette bulle en caisson de résonance.
Quels que soient les résultats des urnes du PS ce soir, les socialistes seront jeudi devant une alternative redoutable : prolonger leur cure d'inaudibilité en versant un peu plus dans l'autisme ou tenter de faire de leur congrès un véritable événement politique. Alors que la droite prend en boomerang la campagne présidentielle de 1995 sur la «fracture sociale» et celle de 2002 sur l'insécurité, le premier parti de gauche va-t-il donner des signes de sa capacité à incarner l'alternative en 2007 ? Et ses prés