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« Pas besoin de carte d'identité, on est entre camarades »

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A Liévin et à Paris, comme dans toutes les sections, les militants socialistes devaient choisir entre les cinq motions en lice.
publié le 10 novembre 2005 à 4h29
(mis à jour le 10 novembre 2005 à 4h29)

La consultation interne d'hier, qui concernait les 127 000 adhérents du PS, intervient après celle sur la Constitution européenne, en décembre 2004. Un nouveau tour de vote dans la France socialiste pour trancher, encore, la querelle Hollande-Fabius. Paroles de militants dans le Pas-de-Calais et à Paris (XXe).

Liévin (Pas-de-Calais)

«Nos grands-pères ont été tués à la mine, c'est des silicosés, des vrais socialistes.» Cindy, 25 ans, vendeuse, mèches blondes, minois de porcelaine, est socialiste «parce qu'il y a des enfants qui portent la misère sur eux. Même à en parler, j'ai les boules». A Liévin, on est à la fois socialiste et ouvrier, noniste et hollandais : c'est un endroit rare. Et il compte : la plus grosse section de France, 1 227 adhérents, dans la plus grande fédération de France, le Pas-de-Calais. Hier, sur 1 009 votants, 73 % ont choisi Hollande, 18 % Fabius. Dans le bureau du centre social tout neuf, dans les corons du quartier de Riaumont, ça sent le robusta. Au pied de l'urne, Cindy bichonne les cheveux blancs, majoritaires : «Vous prenez un petit bulletin ? Vous passez dans la petite cabine ? Un petit autographe ici ?» La vieille dame cherche sa carte d'identité. «Pas besoin, on est entre camarades.»

Lucien, 69 ans, ancien mineur, trente-cinq ans de fond, se raconte : «On n'a pas eu de cadeau par ici. Moi, je voulais être géomètre, mais mon père est décédé. Quand j'ai eu mon certificat, à 14 ans, ma mère m'a pris par la main pour aller voir l'ing