Coauteur avec Alain Bergounioux de l'Ambition et le remords, les socialistes français et le pouvoir (Fayard), Gérard Grunberg est politologue au Centre d'études de la vie politique française (Cevipof).
Quarante-huit heures de négociations en coulisses pour «ajuster» les résultats, le PS ne verserait-il pas dans des pratiques archaïques ?
D'abord c'est un parti trop petit, pas assez enraciné dans la société. Son ratio adhérents/électeurs est particulièrement bas par rapport aux partis sociaux-démocrates européens. Or, si un petit nombre d'acteurs, quatre ou cinq grands barons locaux, suffit à faire la décision, il est beaucoup plus facile de l'«ajuster», de corriger les résultats à la marge. Mais cela dure depuis la création de la SFIO, en 1905. Il y a toujours eu trois ou quatre grandes fédérations, qui ont représenté jusqu'à 25 % du parti : le Nord, le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, etc. De 1946 à 1971, Guy Mollet a assis son pouvoir sur ces trois bastions. Et il a été vaincu parce qu'il a perdu le Nord. C'était à Epinay, en juin 1971, un congrès de refondation, dominé par un vrai débat qui ne fut pas exempt de combinaisons : le patron de la fédération du Nord ayant remis son mandat à son second, Pierre Mauroy, fâché avec Mollet, Mitterrand a gagné.
Depuis, ces petits arrangements perdurent...
Depuis la fin du mitterrandisme, ses héritiers les perpétuent. Qu'il s'agisse de Laurent Fabius ou des mitterrandistes non fabiusiens, les deux camps se disputent les grosses fédéra