Menu
Libération
Interview

« Le PS doit en finir avec la chimère d'une Europe fédérale»

Article réservé aux abonnés
publié le 16 novembre 2005 à 4h35

Mais où est passée la grande déchirure du PS sur l'Europe ? Un an après le référendum interne sur la Constitution qui l'a révélée, le sujet a été éclipsé des débats préparatoires au congrès du Mans qui s'ouvre après-demain. Les trois principales motions (Hollande, NPS et Fabius) s'accordent pour réclamer une Europe plus politique et plus sociale. Seuls à se démarquer, deux anciens ministres, Hubert Védrine (Affaires étrangères, de 1997 à 2002) et Henri Nallet (Agriculture, puis Justice, entre 1984 et 1992), partisans du oui au référendum et coauteurs d'une contribution, mettent en garde leurs camarades contre les espoirs «chimériques».

Pourquoi critiquer l'objectif d'une Europe sociale et fédérale ?

Hubert Védrine. Parce que c'est un slogan sans portée. Tout en ayant appelé à voter oui au traité, je sentais se creuser depuis longtemps un abîme entre les élites intégrationnistes et le grand public. Après le référendum, j'ai pensé qu'il ne fallait pas se complaire dans les lamentations, mais repartir du réel. Or les positions européennes qui s'expriment aujourd'hui dans presque tous les courants du PS sont à la fois chimériques et illogiques. Chimériques, parce qu'il n'y aura pas d'Europe fédérale, du moins telle que la gauche française la conçoit. Et illogiques, parce que, dans une fédération, on vote à la majorité et que les idées sociales de la gauche française sont, même dans l'eurogroupe, structurellement et durablement minoritaires.

Henri Nallet. Le 29 mai a fait apparaître