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Libération

Banlieues Le creuset de l'armée : un mythe de l'intégration

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L'idée de favoriser le brassage social par le service civil repose sur une réalité contrastée.
publié le 17 novembre 2005 à 4h36

Nostalgie, nostalgie... La crise des banlieues fait ressurgir le mythe d'un service national, creuset de la République. Sous des mots différents, service civil ou mixité sociale, l'idée reste la même. Elle se nourrit de beaucoup d'idéologie et de peu de réalités.

Réformés. Dans les années 90, avant la suppression du service national (militaire), la démographe Michèle Tribalat a été l'un des rares chercheurs à s'intéresser au sort des jeunes Franco-Algériens devant la conscription. «L'armée n'en sélectionne qu'un sur deux : les autres sont exemptés, dispensés ou réformés. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale (moins de 30 %)», expliquait-elle alors. Chaque année, l'armée recrutait 250 000 appelés, soit près de 100 000 jeunes de moins que la classe d'âge masculine disponible. «Et elle les choisit selon des critères de qualité, pas en fonction de l'intégration», ajoutait-elle. Quant aux jeunes des catégories sociales supérieures, ils échappaient très majoritairement aux aspects les moins agréables du «service», grâce à la coopération ou au volontariat en entreprise (VSNE). Beau creuset social.

Et belle mythologie. Le service national «n'était pas un héritage de la Révolution française, mais une transposition du modèle militaire prussien après la défaite de 1870», explique l'historien Michel Auvray, auteur de l'Age des casernes. «Après la Commune de Paris, cela visait aussi à restaurer la discipline sociale. On parle alors de brassage socia