L'Europe doute de la France. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, n'a pas caché hier qu'il y avait «divergence» entre Bruxelles et Paris sur les prévisions de croissance pour les deux années à venir. Alors que le ministre des Finances Thierry Breton assure que le déficit public français ne dépassera plus les 3 % en 2005 et 2006, la Commission européenne a estimé hier, dans ses prévisions économiques d'automne, que ce déficit resterait «excessif» : «à politique inchangée», il sera de 3,2 % du PIB en 2005, et augmentera à 3,5 % en 2006 et 2007.
Dans cette hypothèse, la France serait passible des sanctions pour «déficit excessif» prévues par le pacte de stabilité et de croissance. «J'écouterai avec beaucoup d'intérêt les arguments du gouvernement français pour savoir pourquoi ses prévisions de croissance sont supérieures aux nôtres», a affirmé Joachim Almunia. Le commissaire veut savoir «si le gouvernement français a l'intention d'adopter d'autres mesures pour finir l'exercice à 3 %».
Doutes à l'UMP. Les déclarations de Bruxelles tombent mal pour le gouvernement français. A l'occasion du débat à l'Assemblée sur le projet de loi de finances pour 2006, Thierry Breton avait dû batailler ferme, sans vraiment convaincre, y compris sur les bancs de l'UMP, que ses perspectives de croissance et de déficit étaient crédibles. Le voici donc condamné à recommencer l'exercice, cette fois-ci avec la Commission, qui n'est pas vraiment béotienne en mat