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Libération

Poker menteur, jeu d'éléphants.

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Deux possibilités au congrès : les luttes de clans ou un programme pour 2007.
publié le 19 novembre 2005 à 4h38

Le Mans, envoyé spécial.

Soudain, le silence. Il est 18 heures, vendredi, quand le maire PS de Clichy-sous-Bois monte à la tribune. Depuis deux heures, les socialistes réunis au Mans pour leur 74e congrès sont dissipés, écoutent à peine les orateurs à la tribune. Ils spéculent dans les travées sur l'issue du congrès. Synthèse ou pas synthèse ? Tout le monde se tait. Claude Dilain est maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où les deux adolescents sont morts le 27 octobre, électrocutés dans un transformateur. Drame qui a déclenché la crise dans les banlieues. Il évoque cette «étincelle» avec émotion. Mais il préfère parler de «la poudrière» qu'il côtoie depuis des années, ces «ghettos que la société française regarde avec hypocrisie sans jamais avoir mesuré la gravité de la situation». Son ton est grave. Sa sincérité, digne. Le moment résume l'alternative du congrès socialiste : arriver à s'adresser aux Français ou bien céder à la tentation des jeux d'appareils. Au risque de ressortir de ces trois jours de conclave aussi inaudibles qu'ils le sont depuis plus de trois ans.

«Si». «Sincérité» : tous les socialistes avaient le mot à la bouche, vendredi. Mais c'était pour parler de tout autre chose. Et tous l'assortissaient d'un «si» qui visait le voisin. «La synthèse est possible si tout le monde la veut...» , «Si la direction veut sincèrement le rassemblement...», «Si les minorités sont prêtes à débattre avec sincérité...» Ce congrès a donc démarré classiquement par un jeu