Les enquêtes réalisées sur les violences urbaines par toutes sortes d'institutions ayant à en connaître (justice, police, école, travail social...) ont mis en évidence avant tout la dimension sociale et globale : banlieues enclavées, pluriethnicité, grande pauvreté, familles nombreuses, chômage, échec scolaire. Il est hors de doute que ces facteurs touchant globalement une population sinistrée sont essentiels. Cela étant, en rester à une description ne nous donne aucune prise pour comprendre les passages à l'acte ni pour y remédier, car il manque les articulations fines il n'y a que depuis les lieux du pouvoir que les pauvres sont une masse indistincte sans différences individuelles dans les conduites, les valeurs et les aspirations. La télévision s'est faite, tout particulièrement, l'écho de cette vision où la compassion la plus convenue le dispute à la fascination pour le spectacle. C'est ainsi qu'un sociologue nous a doctement expliqué pourquoi l'on brûle les voitures : parce qu'on n'en a pas. Normal, quoi. Mais peut-on en rester là ? L'insistance sur la grande pauvreté et le chômage, comme causes déterminantes et automatiques des violences éveille immédiatement un réflexe offensé de toutes les catégories sociales pauvres ou qui ont grandi dans un milieu pauvre, qui ont le sentiment d'avoir subi avec dignité des situations au moins aussi difficiles : nous n'avions rien, nous non plus, et nous n'avons jamais tout cassé et certainement pas mis le feu aux autobus, attaqu
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Chaos urbain: le besoin d'école
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par Sophie ERNST, philosophe et chargée d'étude à l'Institut national de recherche pédagogique.
publié le 28 novembre 2005 à 4h41
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