De l'époque, il n'a gardé que ces lunettes à grosses montures, très seventies, exhumées pour s'adresser solennellement aux Français le 14 novembre. Trente et un ans après être entré dans la carrière, Chirac, 73 ans ce jour, a perdu tous ses autres contemporains.
Premier ministre juvénile, propulsé à Matignon en 1974, il croisait alors dans les cénacles internationaux Mao et Brejnev, disparus de longue date, Gerald Ford, aujourd'hui âgé de 92 ans, ou Helmut Schmidt, 87 ans, encore éditorialiste à Die Zeit. Admirable, la longévité chiraquienne illustre surtout cette «exception française» qui veut que, battu et rebattu (en 1981 et en 1988 pour la présidentielle), traître des uns (Chaban-Delmas, Giscard, Barre, etc.) et trahi par d'autres (Balladur, Sarkozy), bref, couturé de toutes parts, l'homme politique tricolore serait éternel. Ainsi, de retour à Matignon dix ans après son premier passage, Chirac a rencontré une nouvelle génération de leaders étrangers, grosso modo du même âge que lui. Tous sont à la retraite depuis longtemps. Mikhaïl Gorbatchev, d'un an son aîné, a quitté le pouvoir depuis quatorze ans, publié ses mémoires en 1996, et se contente du titre honorifique... d'archonte du patriarcat de Constantinople. Son successeur, Boris Eltsine, né lui aussi en 1931, a lâché les rênes du pouvoir en 1999. Helmut Kohl, 75 ans, a quitté les sommets il y a déjà huit ans, tandis que Felipe Gonzalez a beau être de dix ans le cadet de Chirac, il s'est retiré dès 1996. Depuis, l'ex-p