Deux ans que ça dure. Depuis qu'en novembre 2003 Nicolas Sarkozy a dit son intention de nommer un «préfet musulman», la droite se déchire sur la discrimination positive. Les chiraquiens dénoncent une pratique qui, en faisant le lit du communautarisme, saperait les fondements du pacte républicain. Imperturbable, le ministre de l'Intérieur revient régulièrement à la charge : il est pour la discrimination positive, seul moyen, assure-t-il, de promouvoir l'«égalité réelle». Il l'a répété hier, lors de la convention de l'UMP sur les injustices. Court-circuitant, une fois de plus, les annonces du Premier ministre, le numéro 2 du gouvernement a d'abord affirmé, visant son supérieur de Matignon : «Améliorer, renforcer la politique des ZEP, c'est très en deçà de nos besoins. Il faut donc changer les ZEP.» Puis, récitant sa rengaine sur la «rupture» et le «changement radical», Sarkozy est allé jusqu'à réclamer le «dépôt de bilan» des ZEP où il juge qu'«il y a moins de moyens qu'ailleurs».
Au créneau. La formule a aussitôt déclenché un torrent de protestations : les syndicats d'enseignants, les associations de parents d'élèves et même le ministre de l'Education sont montés au créneau, Gilles de Robien assurant dans un communiqué qu'il ne voyait, lui, «aucune raison de déposer le bilan des ZEP».
A l'issue de son intervention, Sarkozy a donc tenté d'atténuer son propos. Devant la presse, il n'évoquait plus que la nécessité de «faire le bilan» des ZEP «pour leur donner de véritables moyens»