Une chambre sert à se coucher. Les députés l'ont compris. Ils vont donc se coucher, aujourd'hui et demain, devant les sénateurs à l'occasion de l'examen du projet de loi qui modifie le calendrier électoral. Et entérine le report d'un an des élections municipales, cantonales et sénatoriales, programmées initialement en 2007.
Les députés ne contestent pas la nécessité d'une modification d'agenda, rendue nécessaire par un encombrement électoral infernal. Ils dénoncent surtout la manière dont ce calendrier leur est imposé. D'abord parce que c'est aux hôtes du palais du Luxembourg qu'est revenu le privilège d'examiner, en premiers, le projet de loi organique. Et ce, en vertu d'un principe édicté par le néosénateur Jean-Pierre Raffarin. Premier ministre, il avait fait inscrire dans la Constitution l'obligation de faire examiner d'abord par la Chambre haute tous textes ayant rapport avec les collectivités locales. Les sénateurs en ont profité pour dicter leur loi aux députés, en prolongeant d'un an la durée de leur mandat. De plus, le caractère organique et relatif au Sénat du projet de loi implique son adoption «conforme» par les deux Chambres. Sauf à vouloir entrer dans un véritable bras de fer avec les sénateurs, les députés n'auront donc, législativement, pas le dernier mot.
Les hôtes du Palais-Bourbon dénoncent «un chantage institutionnel» : «Les sénateurs nous font le coup du "c'est à prendre ou à laisser"», tonne ainsi Francis Delattre, rapporteur du projet de loi et député UM