Pas d'abrogation mais une simple mission. Dans une déclaration solennelle lue (sans lunettes), vendredi matin depuis l'Elysée, Jacques Chirac a annoncé la création d'une «mission pluraliste» destinée à évaluer «l'action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l'Histoire». Confiée à titre personnel au président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, elle est censée désamorcer le violent débat qui s'est instauré en métropole et outre-mer sur le «rôle positif» de la colonisation française, inscrit dans la loi du 23 février 2005.
«Dans la République, il n'y a pas d'Histoire officielle. Ce n'est pas à la loi d'écrire l'Histoire. L'écriture de l'Histoire, c'est l'affaire des historiens», a martelé le Président pour condamner en creux l'amendement des députés UMP, rebaptisé aujourd'hui «loi de la honte» aux Antilles. Mais le chef de l'Etat n'est pas allé jusqu'à demander son abrogation, comme les députés socialistes avaient essayé, en vain, de l'obtenir fin novembre.
Jacques Chirac n'en a sans doute ni le courage ni les moyens. Il se serait heurté à un tir de barrage de sa propre majorité qui refuse de se déjuger. Après trois jours de cogitations où il s'est entretenu à de nombreuses reprises avec le Premier ministre et le président de l'Assemblée, Jacques Chirac a donc opté pour un de ces classiques de la Ve République la mission qui permet de noyer le poisson lorsque survient un sujet menaçant.
Celle-ci sera composée d'historiens, devra être ouverte, selon le voe