Au lendemain de l'entretien de Nicolas Sarkozy à Libération, Eric Labbé, porte-parole d'Act Up, réagit aux propos du ministre qui a dénoncé «des méthodes inspirées du FN» à propos de l'affiche le représentant affublé du slogan «Votez Le Pen».
Cédez-vous «à la pratique systématique de l'amalgame», comme vous en accuse Nicolas Sarkozy?
Pas du tout. Cette campagne vise à dénoncer une dérive, une forme de collusion entre une partie de la droite et un discours d'extrême droite. L'affiche ne crée pas un amalgame, mais une ellipse par le décalage entre la photographie et le slogan. Depuis le retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, il y a tous les jours un fait politique ou une déclaration qui va dans le sens d'une guerre aux étrangers et d'une dérive sécuritaire. Il y a eu le «Kärcher», la «racaille» à propos de la banlieue, les incendies d'immeubles de l'été résultant selon Sarkozy «de l'immigration clandestine» alors que la plupart des occupants étaient en situation régulière, les étrangers soupçonnés de frauder l'aide médicale d'Etat... L'affiche cristallise de façon symbolique et forte toute une série d'actes et de paroles qu'Act Up et les autres associations qui travaillent au contact de ces populations ont dénoncés au coup par coup. C'est Sarkozy, par la constance de sa dérive, qui dessine lui-même cette caricature.
Vous ne regrettez rien, donc ?
Bien sûr que cette affiche est volontairement idiote. Mais elle atteint son but qui est de choquer les gens afin qu'ils