Le deuxième fabricant mondial de produits du tabac, British American Tobacco (BAT), veut étouffer la proposition de loi du député Yves Bur (UMP Bas Rhin) visant «à interdire de fumer dans tous les lieux fermés et couverts qui accueillent du public ou qui constituent un lieu de travail». Dans une note envoyée la semaine passée aux députés UMP et que Libération s'est procurée, le lobby agite le risque de voir 13 millions de fumeurs élire un président de gauche en 2007, un clope dans une main, le bulletin dans l'autre : «La dernière fois que le gouvernement a souhaité prendre des mesures fortes pour lutter contre le tabac, en augmentant de 40 % les taxes fin 2003, les buralistes et les fumeurs ont réagi dans les urnes en exprimant leur rancoeur, leur colère, à l'encontre des candidats de la majorité aux élections cantonales et régionales. Le risque d'une nouvelle sanction existe lors de l'élection présidentielle 2007. N'est-ce pas d'ailleurs pour cette "chronique d'une sanction annoncée" que l'opposition pousse le gouvernement à prendre l'initiative d'une interdiction générale de fumer qu'il devra ensuite assumer seul ?»
Fumeurs de havane. Cet argumentaire fumeux a été concocté par le lobbyiste de BAT, un ex-collaborateur du député UMP du Val-d'Oise puis de Renaud Dutreil au ministère des PME, à l'attention de députés UMP «influents», notamment à la trentaine de membres du Club des parlementaires amateurs de havane: André Santini, Pierre André Wiltzer ou encore Patrick Balkany.