Menu
Libération
TRIBUNE

Les dangers d'un déni destructeur

Article réservé aux abonnés
En réclamant l'expulsion des juifs d'Israël, le président iranien se trompe de «temps».
par Nabile Farès, écrivain et psychanalyste, cosignataire du Manifeste des libertés
publié le 10 janvier 2006 à 20h01

«En me défendant contre le juif, je lutte pour l'oeuvre du Seigneur.» Est-ce que cette citation tirée du Mein Kampf d'Hitler ­ et reprise par Karl Schmitt à la fin de sa conférence d'octobre 1936, intitulée «la Science allemande, du droit dans sa lutte contre l'esprit juif»­ pourrait rendre compte des propos tenus, le 13 décembre, par le Président actuel de la république islamique d'Iran ? Celui-ci avait alors proposé à l'ensemble des pays dits occidentaux, Europe, Etats-Unis, Canada... de trouver quelques morceaux de territoires pour accueillir dans ces pays, non pas des personnes juives ­ celles-ci existant déjà dans chacun des pays cités ­, mais bien les citoyennes et citoyens juifs d'un Etat nommé Israël dans lequel coexistent, certes, de différentes façons, des citoyennes et des citoyens de diverses pensées politiques, convictions culturelles, laïques et religieuses.

Si cela était possible, on pourrait dire que le succès controversé ­ mais bien rencontré et reconnu ­ de la pensée de Karl Schmitt à propos de la fonction politique de l'Etat, serait dû à une pensée qui a promu au niveau du droit, légitimé, une pensée théocratique de cette fonction. Celle-ci ne se fonde pas sur son caractère religieux mais sur l'emprunt d'un des traits caractérisant certaines fois le religieux, l'incarnation en une personne de l'opposition désirée entre la pureté du peuple, du gouvernement ou celle de l'Etat, et le représentant incarné, halluciné, haï, du «hors pur», de l'impureté, en l'occu