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Libération

Décès de Gilbert Wasserman

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L'infatiguable militant de la refondation de la gauche est mort à 56 ans.
publié le 17 janvier 2006 à 20h05

Il devait prendre l'avion pour le Forum social mondial de Bamako ce matin. Gilbert Wasserman, 56 ans, militant inlassable de la refondation de la gauche, est mort hier matin d'une attaque cardiaque qui a interrompu une vie entièrement dédiée à l'engagement. Sa disparition à la veille de son départ pour le Mali illustre l'ampleur du chemin parcouru par celui qui fut un apparatchik à 23 ans ­ il est envoyé à Prague pour y représenter le Parti communiste français ­ avant de bifurquer vers le journalisme. D'abord dans la presse du parti (l'hebdomadaire communiste Révolution), puis en volant de ses propres ailes, avec la création, en 1987, de la Revue M («m» comme «mensuel, marxisme, mouvement»).

Gilbert Wasserman incarne les affres de la gauche fin de siècle confrontée à la chute du mur de Berlin et à la mondialisation. Conscient de la faillite historique du léninisme, il n'a pas voulu retourner sa veste, préférant s'inscrire dans un rapport de continuité, de critique et de refondation. D'où ses amitiés avec les communistes italiens, son engagement dans le débat théorique à gauche et, plus récemment, son enthousiasme pour l'altermondialisme. D'où aussi une grande lucidité : «Une fois le moule léniniste cassé et l'illusion du grand soir dissipée, plus personne ne sait très bien ce que pourrait être un nouveau communisme, en dehors d'un humanisme mélangeant quelques valeurs évangéliques, quelques références à Marx, une pincée de féminisme et une d'écologie», écrivait-il il y a deux