Giscard, objet d'Histoire... C'était il y a un peu plus de trente ans, la diction chuintante de VGE s'installait à l'Elysée pour vanter le «libéralisme avancé» et, de la légalisation de l'IVG à l'abaissement du droit de vote à 18 ans, un président jeune, 48 ans, tentait de faire digérer mai 1968 à la droite.
Au sous-sol du Sénat, la salle Clemenceau exhalait hier comme un parfum de nostalgie : quelques vieux fans de la première heure (Jean-Pierre Raffarin, Daniel Hoeffel, Roger Chinaud) et une pincée d'historiens (René Rémond, Jean-François Sirinelli) s'y sont retrouvés pour disséquer ce que le giscardisme a légué à la France à l'occasion d'un colloque consacré aux «réformes de société» conduites entre 1974 et 1981. «Sept années importantes de notre Histoire contemporaine, mais quelquefois un peu éclipsées par la période antérieure et par la période postérieure», a osé René Rémond. Ainsi coincé entre de Gaulle et Mitterrand, Giscard, 80 ans dans l'année, a déployé des trésors de sentences ironiques et de références iconoclastes pour se ménager quelques pages dans les livres d'Histoire. Une semaine après la sacralisation médiatico-historique de son successeur, il s'est plié à un exercice plus sobre en contribuant, de son vivant, à l'analyse de son oeuvre.
Valéry Giscard d'Estaing a commencé par certifier que la fameuse réplique adressée à Mitterrand lors du débat télévisé de 1974 «Vous n'avez pas le monopole du coeur» était «une improvisation». Pour expliquer l'avalanche de