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Libération
Interview

«Notre dissuasion va en se périmant»

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publié le 19 janvier 2006 à 20h06

Ancien conseiller de Lionel Jospin (1997-2002) à Matignon, actuel délégué national du Parti socialiste aux questions stratégiques, Louis Gautier publie cette semaine Face à la guerre aux éditions de la Table ronde.

La France peut-elle continuer à dépenser trois milliards d'euros par an pour la dissuasion nucléaire ?

La dissuasion a un coût, mais on peut difficilement se contenter d'une approche strictement budgétaire. Les dépenses pour les programmes en cours sont déjà largement engagées. Ainsi le quatrième (et dernier) sous-marin nucléaire qui doit être mis en service vers 2010 est déjà construit aux trois quarts. Certes, on peut étaler les commandes, réduire certains postes, mais il n'y a pas de gisements d'économies extraordinaires. Le seul programme qui pourrait être remis en cause est celui de la simulation nucléaire. Une question se pose alors : souhaite-t-on maintenir l'autonomie stratégique de la France et de l'Europe ?

Il serait donc urgent de ne rien faire ?

Je ne dis pas cela, mais en plein chantage nucléaire iranien, le sort de notre dissuasion ne peut être vu par le petit bout de la lorgnette. Par ailleurs, les décisions sur l'avenir de la dissuasion à plus de vingt-cinq ans n'ont pas à être prises avant la fin du prochain quinquennat. Il n'y a donc pas lieu de s'exciter, même si nous avons l'obligation de réfléchir. La France maintient sa dissuasion dans une posture de veille et de «stricte suffisance». Depuis 1990, nous avons beaucoup désarmé unilatéralement. Or,