En matière de dissuasion nucléaire, le président de la République a mis hier les points sur les «i». Lors d'une visite à la base des sous-marins de l'Ile-Longue (lire encadré), Jacques Chirac a lancé une sévère mise en garde aux «dirigeants d'Etat qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous [...] et à ceux qui envisageraient d'utiliser des armes de destruction massive». Ils s'exposeraient «à une réponse ferme et adaptée qui peut être conventionnelle» mais qui «peut aussi être d'une autre nature». En clair, à une frappe nucléaire. Ce discours ne marque pas une rupture radicale dans la doctrine stratégique française de dissuasion nucléaire. Mais c'est un développement important des annonces de juin 2001, lorsque Chirac avait reformulé la dissuasion, face aux menaces des «puissances régionales».
Banalisation. Désormais, l'utilisation du terrorisme par des Etats contre les «intérêts vitaux» de la France est explicitement mentionnée comme justiciable d'une riposte nucléaire. Toutefois, «la dissuasion n'est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques», a-t-il précisé. Elle s'adresse uniquement à des Etats et non à des groupes comme Al-Qaeda. «Contre une puissance régionale, notre choix n'est pas entre l'inaction et l'anéantissement. La flexibilité de nos forces stratégiques nous permettrait d'exercer notre réponse directement sur ses centres de pouvoir, sur sa capacité à agir», a ajouté le chef de l'Etat. L'idée n'est plus, comme à l'époque de la guerre froide