En élargissant à la menace terroriste le champ de la dissuasion, Jacques Chirac a éveillé de vives inquiétudes en Europe, notamment en Allemagne où l'opinion reste profondément pacifiste. Pour répondre au flot des critiques, le ministère français des Affaires étrangères a précisé vendredi que le Président ne visait aucun pays particulier dans son discours de jeudi. Quelques heures plus tôt, sur RTL, le général Henri Bentégeat, chef d'état-major des armées françaises, venait pourtant de déclarer que l'Iran était «une inquiétude majeure», car il «affiche des intentions extrêmement belliqueuses». De son côté, le socialiste Dominique Strauss-Kahn a approuvé l'idée de «faire évoluer» la doctrine nucléaire. Mais a critiqué hier sur France Info la déclaration «pas suffisamment réfléchie» de Jacques Chirac évoquant l'utilisation possible de l'arme nucléaire contre des Etats ayant recours au terrorisme.
Vendredi matin, les journaux allemands s'inquiétaient, en gros titres, du tournant stratégique de Chirac. Au Bundestag, de nombreux élus, de l'opposition comme de la majorité CDU-SPD, ont demandé au gouvernement fédéral de manifester sa réprobation. Pour le chef du parti libéral (FDP) Guido Westerwelle, la chancelière, attendue lundi à Versailles pour un sommet franco-allemand, doit inviter Chirac a «plus de retenue». Le député FDP, Werner Hoyer, dénonce «une escalade verbale dangereuse» qui a peu de chance d'intimider les mollahs iraniens. Le président du groupe Verts, Jürgen Trittin,