On se promettait de ricaner. On suspectait une tentative d'humanisation toujours recommencée du couple présidentiel. On flairait un coup monté censé atténuer une fin de mandat cruelle pour le vieil homme. Ou, même, on imaginait une mise en musique sirupeuse d'une remontée au front électoral de l'éternel candidat. En réalité, cela ne ressemble à rien de prévu, rien de précis. C'est l'histoire d'Anh-Dao, boat people vietnamienne, recueillie à 22 ans par les Chirac. Et c'est plutôt une jolie histoire de mimétisme et d'émancipation que Bernadette évite de commenter, comme si les Chirac préféraient la garder pour eux, comme s'ils refusaient de la voir racontée par leur protégée. Pourtant, aucun secret à la Mazarine. Anh-Dao est vaguement connue, minimalement visible, modérément exposée. Il y aurait plutôt chez les Chirac une manière à l'ancienne de séparer vie privée et vie publique, de taire leurs bonnes oeuvres en humbles paroissiens, et de réprouver les exhibitions d'enfants façon Ségolène. Ce qui n'empêche pas le Président de travailler en symbiose avec Claude, sa cadette. Ou la première dame de finir par parler de l'anorexie de Laurence, son aînée.
La boat people.
Tout commence au Vietnam. Côté sud, évidemment, pas dans le Chili de Pinochet qui fera saigner les bons coeurs de gauche. Anh-Dao est la cinquième enfant d'une famille de neuf. Le père, directeur d'école, est fasciné par les Américains. La mère, issue d'une famille de commerçants aisés, préfère la lé