Un ministre averti en vaut deux. Et André Daguin, le bouillant président du syndicat des patrons de restaurants, l'Umih (Union des métiers et industries de l'hôtellerie), avait prévenu Renaud Dutreil : «Ne mettez pas un costume neuf.» Aussi le ministre des PME n'en menait-il pas large hier après-midi en traversant la salle d'un grand hôtel parisien, où 150 restaurateurs en colère contre la non-baisse à 5,5 % de la TVA sur la restauration l'attendaient de pied ferme, lui et son collègue Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme.
Mais il n'y a pas eu de lancer de crème chantilly ou de ketchup, les participants ayant au dernier moment renoncé à acheter des hamburgers (pourtant taxés à 5,5 %) au McDo d'à côté. D'ailleurs André Daguin avait conseillé le chahut blanc. «Ce sont quand même des ministres de la République, rappelait juste avant leur arrivée le restaurateur gersois. Alors faites comme à la corrida, où la pire des désapprobations est de se lever sans rien dire et de tourner le dos en silence !»
Message reçu par les 150 restaurateurs, dès la première intervention ministérielle, celle de Léon Bertrand promettant «plein de petites mesures qui n'ont l'air de rien mais qui sont importantes», comme «d'assouplir la réglementation sur les piscines qui oblige les hôteliers à embaucher un maître nageur». «C'est ça, nos clients vont se noyer et on va les perdre l'année suivante !» peste une restauratrice du Gard, avant de tourner le dos aux deux ministres.
Quand Renaud Dutreil pren