L'essor du sentiment de déclassement permettrait non seulement de comprendre le décrochage des élèves et les violences dans les établissements scolaires mais aussi la progression du vote d'extrême droite, la fermeture des fonctionnaires sur leurs avantages acquis ou encore le rejet du traité constitutionnel européen lors du référendum de mai dernier.
Reconnaissant que la prolongation des études est un choix rationnel pour chacun, les tenants des théories de l'inflation des diplômes estiment en revanche que la généralisation de ce comportement entraîne le déclassement de tous dès lors que «les places de cadres sont rares». A quoi bon décrocher le bac si c'est pour se retrouver ensuite au chômage, intérimaire, caissière ou vendeur ?
A force de comparer l'usage des diplômes dans le monde du travail à l'utilisation de la monnaie dans les échanges marchands, on finit par oublier qu'on ne poursuit pas des études comme on constitue un portefeuille d'actions, et que l'intérêt d'une scolarité ne se réduit pas à ses débouchés professionnels immédiats. Mais même en se limitant à la rentabilité professionnelle des diplômes qu'ils visent, les enfants des classes populaires n'ont-ils pas de bonnes raisons de prolonger leurs études ? Si la progression des situations de déclassement est bien sûr en elle-même assez préoccupante, il faut toutefois rappeler que, trois ans après la fin de leurs études, les deux tiers des jeunes sortis de l'enseignement supérieur en 2001 avec un diplôme de premier