Brûler les étapes. Laurent Fabius fait comme s'il était déjà le candidat des socialistes à l'élection présidentielle. Sans passer par la case «primaires», programmées en novembre. En réunissant plus de 1 200 partisans dimanche à Créteil (Val-de-Marne), le député de Seine-Maritime a cherché à imposer, à ses concurrents, son propre timing et ses thèmes de campagne. Une stratégie qui lui avait plutôt réussi lors de la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen (TCE).
Ce n'était pas aux socialistes que Laurent Fabius prétendait s'adresser lorsqu'il disait «non» au TCE pendant la campagne interne au PS, préalable au référendum, mais aux Français. Itou quand il promet dimanche une France «solide parce que solidaire». Alternant à loisir le «nous» collectif et le «je» présidentiel, il a esquissé un programme gaucho-républicain constitué de cinq «urgences» et de quatre «vérités». Les premières (l'emploi, le logement, l'école, l'égalité et l'Europe) n'ont pas pour unique vertu «de gagner l'élection mais de conduire ensemble la Nation». Les secondes (la dette, la science, l'écologie et encore l'école) permettent au candidat «de parler de l'essentiel, de ce qui compte à l'heure des décisions (...) de la grandeur de la France».
Des accents qui comblent d'aise Jean-Pierre Chevènement, invité à s'exprimer hier. Le président d'honneur du MRC a trouvé Fabius «convaincant» et même «présidentiel».
D'autres représentants de l'ex-gauche plurielle étaient également au rendez-vous,