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Libération

Debré-Vergès, ou la Réunion des familles

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Le communiste et le chiraquien fêtaient à leur façon les 60 ans de la «départementalisation».
publié le 20 mars 2006 à 20h40

La Réunion de notre correspondante

Jean-Louis Debré et Paul Vergès, dans les bras l'un de l'autre, avec des trémolos dans la voix. C'était samedi au conseil régional de la Réunion pour les 60 ans de la loi instituant la départementalisation de l'outre-mer. «Départementalisation» pour le gaulliste qui préside l'Assemblée nationale, «décolonisation» pour le communiste qui dirige le conseil régional. La Réunion est le fruit de soixante ans de guerre acharnée entre les deux familles. Raymond, père de Paul, a posé la première pierre. Avec Léon de Lepervanche et l'Antillais Aimé Césaire, il est l'artisan de la loi du 19 mars 1946, votée à l'unanimité par l'Assemblée constituante. «Une loi qui a beaucoup plus transformé la vie des Réunionnais que l'abolition de l'esclavage n'a transformé la situation des esclaves affranchis», déclarait son fils, samedi. Suivra en effet la mise en place de l'allocation aux vieux travailleurs salariés et de l'assistance médicale gratuite, véritable révolution pour une île plongée dans la misère. L'application systématique des lois métropolitaines, prévue dans la loi du 19 mars, ne s'est en revanche jamais faite. En 1959, Paul Vergès crée donc le Parti communiste réunionnais (PCR). Fermement opposé à la départementalisation, pourtant conquise par son père, il n'aura cessé de réclamer «l'autonomie démocratique et populaire», allant même jusqu'à revendiquer l'autodétermination en 1975.

«Egalité sociale». En face, Michel, père de Jean-Louis et député de la