Strasbourg de notre correspondant
Depuis longtemps, le conseiller régional alsacien Patrick Binder (Front national) s'intéresse au fait religieux, surtout pour dénoncer la supposée «islamisation» de l'Alsace (1). Voilà maintenant qu'il se pique de pédagogie et livre sa «réflexion objective» sur la politique éducative de la collectivité régionale, dont il préside le groupe FN (8 élus sur 47). Il y a quinze jours, les proviseurs des lycées alsaciens ont reçu une lettre de l'élu frontiste. En un peu plus d'une page, Patrick Binder y déroule sa complainte contre «des subventions accordées [par la région] aux lycées alsaciens pour le financement des déplacements des élèves sur les lieux de mémoire, comme par exemple au camp d'extermination d'Auschwitz ou au Mémorial de Caen».
«Regarder l'avenir». «La visite des lieux de mémoire ne paraît pas justifiée à l'âge adolescent», assène très vite l'élu. Et pourquoi donc ? Parce que c'est un âge «où l'on est encore très influençable» et que «ces lycéens que l'on envoie sur les sites de mémoire ne voient qu'un côté du conflit et peuvent se forger l'idée que nous porterions une responsabilité imprescriptible dans ces horreurs et ces massacres». «Nos enfants, poursuit Patrick Binder, n'ont pas à porter la croix de la culpabilité sur plusieurs générations. Apprenons-leur à regarder l'avenir de manière objective et positive, et pas seulement axée sur le passé».
L'élu admet que la Seconde Guerre mondiale est «un élément important de notre histoire