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Libération

La complainte des «serpillières de la République».

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Manifestations, banlieue, pression de l'Intérieur : les forces de l'ordre se disent lasses.
publié le 11 avril 2006 à 20h54

C'est une antienne un peu grandiloquente qu'affectionnent les policiers: «Nous sommes le dernier rempart de la société», répètent-ils quand ils se sentent sur le gril. Cette fois encore, après deux mois à l'épreuve des manifestations anti-CPE, qui, elles-mêmes, suivaient de peu trois semaines d'émeutes en banlieue en novembre dernier, CRS, gardiens de la paix, fonctionnaires des renseignements généraux (RG) entonnent le même refrain, empreint d'un mélange de fierté et de lassitude. «Je suis flic et je suis là pour tout le monde, les contents comme les pas contents», revendique Thierry (1), un brigadier qui estime «avoir fait son boulot en assurant le respect de l'ordre public». «C'est notre travail d'assurer la sécurité des gens, le droit de manifester», renchérit Joaquin Masanet, secrétaire général de l'Unsa police qui revendique 32 000 adhérents parmi les CRS et les gardiens de la paix. La police est certes là pour servir la République, dit encore le syndicaliste, mais dans ses rangs, «on commence à ressentir un grand coup de pompe», alors que le rapport annuel sur sa déontologie va être divulgué demain (lire ci-dessous). «Il ne faut pas nous presser comme des citrons, prévient Joaquin Masanet. Quand il n'y aura plus de jus, ce sont les institutions qui vont trinquer.» Il est vrai que depuis 2002, la droite a fait de l'action des forces de l'ordre l'un des axes de son mode de gouvernement. L'activisme et les exigences manifestées par Nicolas Sarkozy lors de ses deux passag