L'affaire Clearstream est en train de tourner au grand barnum politico-judiciaire. Après Nicolas Sarkozy, premier homme politique à porter plainte après s'être fait faussement accuser par un corbeau de détenir un compte bancaire à l'étranger, Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin viennent à leur tour de se constituer partie civile.
Mis en cause dans un courrier anonyme envoyé en mai 2004 au juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, ces trois derniers n'avaient pas jugé utile jusque-là de saisir la justice pour dénonciation calomnieuse, préférant en rester là tant le listing bancaire fourni par le corbeau paraît trafiqué. Mais, puisque Sarkozy a décidé en janvier de croiser le fer, en soupçonnant Villepin et/ou les chiraquiens d'avoir fomenté une manipulation contre lui, et en se réservant le droit d'en faire grand cas d'ici à la présidentielle de 2007, pourquoi ne pas participer au festin ? Hier, interrogé par l'AFP, Chevènement n'a pas caché son intention : «Je veux avoir accès au dossier pour en savoir plus.» Madelin se montre également alléché tout en restant prudent sur la dimension politique : l'affaire «sent le faisandé depuis le début», relève le député UMP, mais «je n'imagine pas un monstrueux complot politique» au sommet de l'Etat. Il préfère y voir un règlement de comptes entre marchands de canons (la première lettre du corbeau mettait en cause l'ex-PDG de Thales et un dirigeant d'EADS, une deuxième élargissant la cible à des anciens min