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Libération

«Un mouvement anti-Dieudonné»

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publié le 29 avril 2006 à 21h05

Michel Wieviorka, sociologue au CNRS, sera présent aux états généraux du Cran en tant que membre du «conseil des amis». Il s'en explique.

«Je suis très heureux de la création du Cran, un mouvement issu de la société civile, qui pose des vraies questions en termes sociaux (sur la discrimination, le logement) et en termes culturels et historiques. Car se présenter comme noir dans l'espace public, c'est aussitôt introduire les questions de la traite négrière, de l'esclavage et de leur place dans le récit national français. Je vois le Cran comme un mouvement anti-Dieudonné. Pour eux, la mémoire doit peser sur l'histoire, mais elle ne doit pas servir à diffuser un discours de haine.

La naissance du Cran a suscité des craintes, notamment chez les "républicanistes". Je pense qu'elles se lèvent aujourd'hui. A droite comme à gauche, on disait ce mouvement communautariste. Or, ses membres en sont très éloignés. Ils ne demandent pas de droits particuliers. Que des personnes qui subissent le même racisme, et les mêmes distorsions de l'Histoire, se mobilisent ensemble, c'est sain.

Le Cran a également refusé de s'enfermer dans une logique de victimisation. Au contraire, ils ont une identité positive. Ils veulent montrer la vitalité culturelle du monde noir. On peut redouter qu'il ne s'agisse que d'une "black-bourgeoisie". Mais le Cran fédère plus de 1 000 associations, fait des efforts pour être en phase avec les attentes des gens. Enfin, ce n'est pas une machine de guerre politique au servi