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Libération

Mort de Fraenkel, maître en trotskisme.

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Né à Gdansk en 1921, longtemps apatride, il cofonda l'OCI, dont il fut exclu, et forma Jospin.
publié le 2 mai 2006 à 21h06

Un intellectuel sans oeuvre, un militant sans parti, un maître sans disciple. Boris Fraenkel était tout cela, avec ce que cela suppose d'enthousiasmes et de déceptions. Figure du trotskisme européen, il a traduit des oeuvres de Léon Trotski, Herbert Marcuse et Georg Lukacs. Il avait été exclu de l'OCI (Organisation communiste internationale) par Pierre Lambert. Il a aussi été, vers les années 1965-1966, le formateur en trotskisme d'un certain Lionel Jospin, alors tout jeune. Il s'est donné la mort le 23 avril à l'âge de 85 ans en se jetant dans la Seine depuis un pont, près de la gare de Lyon. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard, au niveau du VIIIe arrondissement de Paris.

Longtemps, Boris Fraenkel n'a été connu que dans les cercles intellectuels. Il a fallu l'ascension politique de son ancien élève pour qu'il soit projeté sur le devant de la scène. En 2001, en obtenant de Fraenkel une carte postale que lui avait envoyée Lionel Jospin à l'époque, avec son écriture bien reconnaissable, le Monde avait apporté la preuve que le Premier ministre socialiste avait bien été un militant trotskiste. Un militant d'exception, même, dont son professeur était assez fier. «Nous nous entendions très bien, et, au fil des années, j'ai cru que nous étions devenus amis. Même si je continuais à le trouver trop rigide, ce Jospin-là était un bon garçon», a écrit Fraenkel un peu plus tard (1).

A l'approche de l'élection présidentielle de 2002, la révélation du passé de Jospin avait donné un