Pendant treize ans, Sara Camara a vécu en France une vie sans histoire. Recruté comme gardien suppléant à la Conciergerie de Paris, il a été contractualisé comme agent d'entretien par le Centre des monuments nationaux le 1er juillet 1998. Sur ses 1 200 euros de salaire mensuel, ce Malien en envoyait 200 à son épouse restée au pays avec leurs trois enfants. Et puis, un jour, il en a eu assez. Entré en France en clandestin, il travaillait sous l'identité de son oncle, qui porte même prénom et même nom et qui, lui, est en règle. La situation a fini par lui peser : «Je me suis dit que j'allais travailler toute ma vie pour avoir rien du tout, rien si je suis malade, rien pour la retraite...».
Circulaire. Sara Camara ayant tissé de bonnes relations avec ses collègues, se confie à eux. Avec leur appui, il prend conseil auprès du Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés). Son cas n'est pas simple. Il pourrait bénéficier de l'article L313-11 3° du code de l'entrée et du séjour des étrangers qui prévoit la délivrance d'un titre de séjour aux étrangers, même clandestins, résidant en France depuis plus de dix ans. Sauf qu'une circulaire de 2004 exclut en théorie du bénéfice de cette disposition les années de séjour passées sous couvert d'une fausse identité.
Dans le courrier qu'il adresse le 29 novembre 2005 au préfet de Seine-Saint-Denis pour demander un titre de séjour, Sara Camara dit tout : la nécessité de faire vivre sa famille, ses treize années d'employé modèle à la C