C'est une fable moderne, qui pourrait ranimer des bestiaires anciens et s'appeler l'Ours, l'Ecolo et le Berger. Le premier avait disparu des hautes vallées pyrénéennes, le deuxième voulait le réintroduire au nom de la nostalgie d'un monde perdu, et le troisième observait cela d'un bien mauvais oeil. Avec l'aide de la ministre de l'Environnement, qui a raté son spectacle de montreuse d'ours, le conte sauvage a viré au règlement de comptes. Et on a vu des ours mal lâchés, s'enfuyant en catimini dans la nuit. De barrages routiers en pots de miel piégés, de manifs en contre-manifs, toute une région se déchire pour des plantigrades slovènes, jusqu'à demander l'arbitrage du Conseil d'Etat. Le président Chirac, qui avait pleuré Cannelle, va-t-il monter au créneau pour Palouma sinon pour Villepin ? OGM, pesticides, éoliennes, ce n'est pas la première fois que les rêves écologistes urbains se heurtent aux dures réalités du monde rural et ce paradoxe symbolise bien la difficulté de faire coexister deux mondes qui n'ont pas forcément les mêmes priorités, ni les mêmes contraintes.
Pourtant, un même souci de préservation les rapproche. Les uns veulent sauver une biodiversité menacée, les autres défendre des métiers et des styles de vie tout aussi menacés. La cohabitation entre l'homme et l'ours passera d'abord par celle des écolos et des bergers, par la difficile recherche de solutions équilibrées. Il faudra beaucoup de volonté dans les deux camps mais des expériences de ce type ont eu li