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Libération

Anti-esclavagistes depuis 1789.

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Il y a plus de deux siècles, Champagney se mobilisait pour «les nègres des colonies».
publié le 9 mai 2006 à 21h10

Champagney envoyé spécial

Gérard Poivey, maire radical de gauche de Champagney (Haute-Saône, 3 000 habitants), participera, demain à l'Elysée et au Sénat, à la commémoration de l'abolition de l'esclavage. Parce qu'il y a deux siècles, ce bourg de «200 feux et 800 âmes» manifesta sa solidarité avec les «nègres des colonies», lors d'une initiative, aussi singulière que courageuse, de la part de ses habitants. Ils s'appelaient Alexis Ruffier, Burcey Joseph, Jean-Baptiste Gouhenans. Etaient paysans, mineurs, bûcherons, sur ce bout de terre ingrate, coincée entre les Vosges et la trouée de Belfort. Le 19 mars 1789, les hommes de Champagney réclamèrent, haut et fort, l'abolition de l'esclavage dans l'article 29 de leur cahier de doléances (lire encadré).

«Ça s'est passé là-bas sur la place entre l'église et la mairie, raconte, comme si c'était hier, Marie-Thérèse Olivier, conservatrice de la Maison de la négritude et des droits de l'homme, et dont l'un des aïeux fut signataire du texte. «Les gens sortaient de la messe, où le curé leur avait expliqué qu'ils devaient rédiger un cahier de doléances. Ils discutaient de leur misère après l'hiver très rude qu'ils venaient de supporter.» «A l'époque, dit encore la conservatrice, ces hommes n'avaient jamais vu qu'un seul Noir : le roi mage figurant sur un tableau de leur église». Loin des ports négriers de l'époque qu'étaient Nantes et Bordeaux, c'est la présence d'un homme qui va éclairer les Champagnerots. Jacques Antoine Priqueler, origi