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Libération

Esclavage : Chirac joue la carte de la «cohésion nationale».

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publié le 11 mai 2006 à 21h11

Devant les grilles du jardin du Luxembourg, la foule est soigneusement triée. Plusieurs centaines de personnes attendent. Des sportifs ­ Lilian Thuram, Marie-José Pérec ­, le rappeur Stomy Bugsy, des représentants d'associations... Un vieil homme s'énerve : «J'ai mon arbre généalogique avec moi, je ne peux pas entrer. L'exclusion continue.» Des policiers en nombre et en civil. Briefing : «Arrivée du "PR" (président de la République) à 11 h 45. Les perturbateurs, on les évacue par là.» Il n'y en aura pas. Le PR arrive, au côté de Léa de Saint-Julien, l'artiste qui a conçu, pour la circonstance, une installation de bambous et de portraits (la Forêt des mânes). Le comédien Jacques Martial dit un texte d'Aimé Césaire où il est question des «pulsations de la négrité».

Larmes. Dans son discours, Chirac parle de «trafic odieux», d'«échos que cette tragédie a encore. Elle a donné corps aux thèses racistes». Au même moment, Brigitte Girardin, ministre déléguée à la Coopération, en déplacement à l'île de Gorée, enfonce le clou : «Oui, la France a bel et bien profité, à l'instar d'autres pays européens, du commerce d'êtres humains.» Plus loin, Chirac : «Les discriminations font perdre la foi républicaine à ceux qui en sont victimes. Elles sont la négation de tout ce que nous sommes.» Enfin, il conclut : «Regarder tout notre passé en face est une des clefs de notre cohésion nationale.» Une dame dit tout haut : «Qu'est-ce que je suis contente, j'ai même apporté une photo du grand-père dan