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Libération

Pau a perdu son «Sphinx»

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André Labarrère, maire depuis 1971 et ancien ministre de Mitterrand, est mort hier à 78 ans.
publié le 17 mai 2006 à 21h15

Sur la page de son blog, la citation semblait suspendue : «La trahison, essence même de la vie politique...» Hier, une autre phrase a été ajoutée : «On l'appelait le Sphinx...» Un imparfait qui informe sobrement qu'André Labarrère, maire de Pau depuis 1971, député des Pyrénées-Atlantiques durant trente-quatre ans, ancien ministre de François Mitterrand, ne sera plus là pour continuer son journal de bord. Peu après avoir révélé son cancer, le 22 mars, ce socialiste de toujours expliquait à Libération le 14 avril qu'il voulait se faire soigner dans l'hôpital de sa ville. «Le Sphinx» y est décédé hier matin à l'âge de 78 ans. «Je suis historien : toute civilisation naît d'un défi et d'une réponse à ce défi. C'est le cas», disait-il en dévoilant sa maladie.

André Labarrère, c'était Pau. Et d'autres choses encore. Comme son homosexualité qu'il a été un des tout premiers hommes politiques français à divulguer publiquement, en 1998. Pour lui, c'était un acte militant : «Je voulais aider les jeunes.» Paradoxalement, il se déclarait hostile au mariage homosexuel. Avec la gouaille, il se justifiait ainsi : «Je trouve qu'il y a assez de cocus pour ne pas ajouter les homos !» Il s'amusait aussi de son côté sulfureux, se pâmant devant «les beaux mecs de Pau», ou laissant courir la rumeur d'avoir bien connu Le Pen (les deux hommes se sont rencontrés dans les années 1947-1949 à l'Unef). Ou encore d'avoir effrontément «dragué» Mitterrand avant que Roger Hanin n'y mette le holà. Parfois, il v